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Le livre qui a changé l'Europe : cérémonies religieuses du monde de Bernard Picart & Jean Frédéric Bernard

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Recension rédigée par Jean Nemo


La traduction française reprend l’ouvrage paru en anglais en 2010, le temps ne fait cependant rien à l’affaire : nous est proposée une sorte de recension approfondie, érudite, d’une « série » à succès datée de bientôt trois siècles. Elle est le fruit d’une année sabbatique prise en même temps et au même endroit par les trois auteurs, prolongée et complétée par des séminaires, au Getty Research Institute. Institut qui disposait par ailleurs d’une précieuse et abondante bibliothèque et de documents fort rares sur le sujet traité. Il s’agit ici d’une redécouverte, au moins pour l’ « honnête homme » hexagonal, familier mais non expert du siècle des Lumières.

L’on pourrait penser que si l’Europe a changé en ce XVIIIe siècle, c’est à Montesquieu, Voltaire, Rousseau, d’Alembert et autres Diderot ou Condorcet pour le royaume de France, Kant, Walpole, Goethe, Smith, Franklin ailleurs, qu’elle le doit, avant que le Congrès de Vienne, au début du siècle suivant, n’y mette quelque bon ordre politique, puis que le romantisme n’y donne d’autres dimensions littéraires, c’est bien à ces grands hommes qu’on le doit.

Le titre est donc en quelque sorte provocateur, laissant à penser qu’un livre, en sept tomes édités de 1723 à 1737, à lui seul aurait « changé l’Europe ». Dans leur introduction, les auteurs atténuent la provocation de leur titre : «Un livre, fût-il volumineux et porté par de grandes ambitions intellectuelles et artistiques, pouvait-il changer les choses ? « Cérémonies religieuses du monde » n’a pas, à lui seul, fait évoluer les mentalités, mais l’ouvrage a contribué à un progrès considérable en canalisant diverses sources de savoir et d’études vers un objectif unique, résumant tout le savoir disponible sur les religions du monde et en lui conférant un sens nouveau : le bon  livre, au bon endroit, au bon moment. »    

Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, les Provinces Unies (ou plus fréquemment appelées en France, du nom de la province la plus riche et la plus peuplée, la « Hollande ») et, dans une moindre mesure, le Royaume Uni n’ont rien encore de démocratique au sens moderne du mot mais les premières se veulent république, le second connaît une assez large tolérance après les nombreux troubles provoqués par des querelles dynastiques étroitement liées à des querelles religieuses. C’est à Amsterdam que paraît « Les cérémonies religieuses »  

La Hollande est le théâtre où se joue, pour l’essentiel, l’aventure qui conduira, de 1723 à 1737, à la première édition des sept tomes de « Cérémonies religieuses du monde ». Les auteurs de « Le Livre qui a changé l’Europe » rappellent à maintes occasions, tout au long de leur texte, que ce pays fut, pendant des décennies, le pôle de l’édition européenne, dans bien des langues européennes et en premier lieu le français : absence quasi-totale de censure, de facto sinon de volonté délibérée, cohabitation généralement tolérante de bien des variantes du christianisme et du judaïsme, tolérance également à l’égard des « mal pensants » de tous bords, avec parfois cependant des moments de tensions avec Déistes, Libertins, Francs-maçons et autres libres penseurs, un empire colonial à la source de nombreuses informations et de relations de voyage relatives à d’autres civilisations.

« Le Livre qui a changé l’Europe » s’attache, avec érudition mais une érudition accessible au simple « honnête homme », à retracer parcours et ambitions des deux auteurs, l’un (l’illustrateur Bernard Picart) toujours cité en première page, l’autre (l’éditeur mais aussi le rédacteur, Jean Frédéric Bernard) n’apparaissant jamais sur les couvertures ni les pages de titre, sauf comme éditeur.

Après une introduction consacrée, comme il se doit, à « un livre, deux hommes et une nouvelle approche de la religion »,  la table des matières annonce deux parties, dans un subtil jeu de mots : « Le monde du livre » et « Le livre du monde ».

« Le monde du livre »

L’auteur

S’il reste plus dans l’ombre, il semble bien être le plus intellectuellement et philosophiquement novateur. Il n’apparaît sur les éditions publiées de son vivant que comme éditeur et non comme auteur, alors que l’illustrateur, Picart, est mentionné directement sous le titre comme « …figures dessinées de la main de Bernard Picard…), avec une faute sur la dernière lettre du nom. La suite du titre du premier volume comme des suivants est remarquablement anonyme : « …avec une Explication Historique, & quelques Dissertations curieuses ».

Descendant d’une famille de pasteurs calvinistes vaudois (mouvance vaudoise remontant au XIIe siècle, affiliée dans les années 1530 au calvinisme genevois) implantée dans une petite ville proche de Marseille, Jean Frédéric Bernard  (1680-1744) fuit tout enfant, en 1685, avec sa famille, après la révocation de l’Édit de Nantes, d’abord pour Lausanne puis pour la Hollande, plus précisément à Amsterdam. La famille de Jean Frédéric appartient  de longue date, bien avant la révocation de l’Édit de Nantes, à un vaste réseau déjà européen.

Il est élevé dans une communauté francophone, disposant à Amsterdam de ses propres lieux de culte, de ses propres pasteurs (l’« église wallonne ») mais vivant en bon voisinage avec les Hollandais et d’autres communautés.

Le jeune Jean Frédéric ne reprendra le flambeau de la tradition universitaire de bien de ses parents, docteurs distingués dans diverses disciplines. Il préfère en effet le commerce, plus précisément celui des livres et de l’édition. Après un apprentissage, fort jeune, il part à Genève en 1704 pour y devenir courtier en édition. Il revient à Amsterdam en 1707, toujours courtier puis, ses affaires se développant, il est éditeur, en 1711, et membre de la guilde des libraires. « Même si Jean Frédéric avait un vrai sens du commerce, les livres représentaient bien plus à ses yeux qu’un simple moyen d’enrichissement. Il se mua bientôt en éditeur avisé, disposant d’un catalogue hautement sélectif, dominé par la théologie des libres penseurs et par la littérature de voyage. ».

Bernard semble cependant vivoter, ses premières éditions d’ouvrages étant peu nombreuses (dont deux de sa main) mais un riche mariage, en 1715, suivi d’un très rapide veuvage rétablit sa situation de fortune. De même, un mariage ultérieur, en 1717, avec une huguenote d’une famille de drapiers venus de Montauban, lui apportera de nouveau aisance suffisante pour asseoir solidement ses activités d’éditeur et de libraire. Non sans de nombreux piratages, mœurs répandues à l’époque. Piratages, détournements et emprunts douteux dont ses œuvres, notamment ces « Cérémonies religieuses du monde » furent également victimes. Lui-même semble avoir été un «expert pirate » sans trop de scrupules.

La richesse de sa bibliothèque, ses goûts éclectiques, son érudition non universitaire, en font un personnage tout à fait original et novateur.

L’illustrateur

Tout autre est le parcours de Bernard Picart (1673-1733), beaucoup plus connu que l’auteur, de son temps et dans la durée, comme graveur et illustrateur. À tel point que des admirateurs de l’ouvrage le mentionneront dans leurs écrits et correspondances comme « le Picart ».

Fils d’un graveur membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture, supposé catholique et de bonne réputation, son itinéraire semble compliqué.

La gravure apparaît, à cette époque, dans les milieux artistiques français, comme mineure au regard de la peinture et de la sculpture. Cela n’empêche pas le succès en France de Bernard Picart où son « carnet de commande » est honorablement rempli. Les trois auteurs du « Livre qui a changé l’Europe » émettent l’hypothèse que Bernard Picart aurait été intéressé par le jansénisme (certains jansénistes s’étaient exilés aux Pays-Bas espagnols) mais aussi par des personnalités philosophiques et scientifiques marquantes des générations récentes, tel Descartes, « héros des modernes », ou Spinoza, l’un de ses héritiers.

Les péripéties de ses pérégrinations, sont souvent amusantes : le lieutenant de police de Paris lui refuse une première fois l’autorisation de quitter le Royaume pour la Suède, Picart insiste avec déférence, arguant du manque de commandes notamment versaillaises (en ce début du XVIIIe siècle, les temps sont durs, y compris pour la Cour), lui apportant quelques-unes de ses œuvres et des documents attestant de son catholicisme familial ancien et actuel ; admiratif d’œuvres qu’il découvrait, le lieutenant de police, après avoir sollicité pour Picart un emploi à Versailles, sans succès, accorde une autorisation…d’une semaine ; laquelle sera fort longue et moins éloignée que la Suède, puisque le voyageur se contentera de La Haye.

Quelle sorte de protestantisme adopte-t-il alors ? Picart lui-même n’a laissé aucune indication à ce sujet. L’un de ses amis proches s’en est pour son compte expliqué et il n’est pas déraisonnable de penser que Picart avait suivi une voie similaire. « À la fin de sa lettre, Marchand lance une dernière provocation, faisant remarquer que puisqu’il n’est pas « luthérien, calviniste, arminien, socinien, anabaptiste ou quaker », tout ce qui est reproché à ces réformistes et à leurs diverses sectes ne saurait le concerner… » Plus qu’une une adhésion à un autre culte, on peut conclure que la « conversion » est bien plutôt une « rébellion » contre un catholicisme dont l’Église « est tombée dans l’idolâtrie la plus méprisable et la plus abjecte… » et une volonté de retour direct, hors autre affiliation, au Nouveau Testament. « Il entend revenir à une « doctrine pure et simple » fondée sur les Écritures et éviter « l’infinité de cultes et de cérémonies étranges » introduits par le catholicisme de Rome… ». La date de son départ pour un exil choisi et de celui probable de son père, vers 1709, exclut toute relation directe, donc contrainte, avec la révocation de l’Édit de Nantes. Cela ressemble bien plus à l’aboutissement d’un parcours personnel, intellectuel et moral.

Le contexte

Dans le tout premier chapitre « (Le marché des idées religieuses »), l’ouvrage met le lecteur dans une ambiance festive puisqu’il relate une réunion à laquelle assiste Picart, à peine arrivé à la Haye, celle des « Chevaliers de la Jubilation ». Le tout très arrosé et parsemé de propos sinon d’ivrognes du moins de « Chevaliers » très avinés. Au-delà de l’aspect anecdotique, l’on peut constater que « si l’on se penche sur la liste des personnes présentes à cette réunion, on se rend compte de l’existence d’un réseau international d’éditeurs venus goûter la relative liberté des villes hollandaises. ». Les auteurs affirment que ces Chevaliers poursuivaient d’abord et surtout une quête du savoir en matière de religion détachée de toute forme d’orthodoxie. L’une des références de ce « marché des idées religieuses » fut un « Traité des trois imposteurs » (Moïse, Jésus, Mahomet), datant probablement des années 1710. Le titre est provocant mais le « marché » se voulait d’abord celui d’une certaine liberté de penser, liberté informée, celle « du droit des lecteurs à décider pour eux-mêmes dès lors qu’il s’agit de religion ».

 

Résumer, c’est souvent trahir, recommandons au lecteur intéressé de parcourir les quelques deux cent pages ou est analysé un « monde du livre » qui offre à ses contemporains les occasions et les possibilités d’exercer un tout nouveau libre-arbitre. S’il n’est pas spécialiste du thème et de la période, il y découvrira un « monde » fort attachant.

 « Le livre du monde »

Cette seconde partie est consacrée à l’analyse de  « Cérémonies religieuses du monde », critique et replacée dans un contexte plus vaste.

On rappellera que depuis les grandes découvertes, innombrables étaient les récits de voyage, les documents que l’on ne pouvait encore sauf anachronisme baptiser d’ethnographie ou d’anthropologie. Comme on l’a signalé, la bibliothèque de Bernard en contenait un grand nombre. La petite minorité des élites qui pouvaient se constituer une bibliothèque collectionnait ces livres et documents, comme elle constituait des cabinets de curiosités.

L’importante série des « Cérémonies religieuses du monde » surprend le lecteur du temps et encore celui d’aujourd’hui de plusieurs façons. Elle est clairement conçue dans l’objectif de critiquer l’Église catholique, voire de la dévaloriser. Mais il ne s’agit ni de pamphlet ni de polémique. La démarche consiste à mettre sur le même pied toutes les religions : elles seraient de même nature fondamentale, seuls leurs clergés (prêtres, autres « officiels » chargés de dire la « vérité », leurs hiérarchies) et les « cérémonies religieuses » qu’ils organisent dénaturent la religion telle qu’elle devrait rester dans sa simplicité et sa relation directe avec le divin.

Les titres des différents chapitres de cette partie sont parlants : « Rendre le judaïsme familier – Remettre le catholicisme à sa juste place – Idolâtrie : l’Occident et l’Orient – Réhabiliter l’Islam – Dissidence, déisme et athéisme ».

 « Picart et Bernard étaient certains qu’ils pouvaient rendre le judaïsme plus compréhensible et donc moins dérangeant pour leurs lecteurs ». Ils ne semblent pas avoir suivi de programme précis mais un objectif : permettre à leurs lecteurs de se former librement une opinion, sur une bonne base documentaire et à partir d’illustrations détaillées, elles prouvent que Picart a observé directement ce qu’il représente.  

Dans les « Cérémonies religieuses du monde », la part consacrée au catholicisme est la plus longue. Contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre, elle évite charge et polémique. Pour autant, il ne s’agit pas de lénifier et le texte contient quelques « apartés pleins d’esprit, dissimulés comme autant de pépites, dans les pages consacrées aux diverses cérémonies… », soit et avant l’heure une véritable ethnographie de curiosités telles qu’un Persan pourrait les relater avec un regard extérieur.

Seul sujet prêtant à critique sévère, l’Inquisition, « offense à la morale ». Les deux auteurs n’étaient du reste pas seuls à leur époque à porter un jugement sévère, bien des catholiques en faisaient de même.

La question de l’idolâtrie s’avère plus délicate, elle est traitée dans les « Cérémonies religieuses du monde » en deux volumes. La démarche consiste à mener des comparaisons avec certaines cérémonies et pratiques catholiques qui relèveraient d’une forme d’idolâtrie. Elle consiste également à en traiter de façon bienveillante (certaines illustrations de Picart atténuent ou marginalisent les pratiques de sacrifices humains ou de cannibalisme), en affirmant que « la déréliction et la corruption de la religion naturelle se produisirent partout dans le monde… », c’est-à-dire pas seulement, tant s’en faut, chez les idolâtres.

Les trois auteurs du « Livre qui a changé l’Europe » qualifient de « réhabilitation » le 7ème volume des « Cérémonies religieuses du monde », lequel traite de l’Islam. Ils « rassemblent ce qui se faisait de mieux et de plus récent sur l’islam afin de montrer aux lecteurs que cette religion, à l’instar du christianisme, avait une histoire longue et complexe digne à la fois de toute leur attention et de tout leur respect. ». On aborde enfin les « Dissidence, déisme et athéisme », objets du 6ème volume des « Cérémonies religieuses du monde ». Il s’agit ici de questions très contemporaines pour Bernard et Picart. Elles y sont traitées avec « sérieux et précision » car elles sont l’une des interrogations philosophiques les plus significatives des Lumières naissantes.

« Le livre qui a changé l’Europe »

Nous avons repris le parcours de deux hommes dont l’un presque oublié aujourd’hui, et nous avons tenté de donner une idée de la richesse des informations que les trois auteurs livrent au lecteur, à propos des milieux religieux et de leurs querelles, des contestations philosophiques des autorités religieuses établies. Quelques mots encore à propos de ce « Le livre qui a changé l’Europe » lui-même.

Une première remarque éditoriale : d’abondantes illustrations, les plus nombreuses étant de Picart. Les gravures sont fort intéressantes, quel que soit le chapitre. On comprend pourquoi le lecteur pressé, de l’époque ou d’aujourd’hui, a retenu ou retient le nom de l’illustrateur plutôt que celui du rédacteur, plus ardu.

Il est temps maintenant de préciser pourquoi les trois auteurs ont choisi leur titre, « Le Livre qui a changé l’Europe ».

« Best-seller » de son temps, vite traduit dans plusieurs langues (traductions plus ou moins fidèles selon le pays), mis à l’index après la parution du dernier volume, abondamment plagié ou piraté, y compris par deux prêtres catholiques français (Basnier et Le Mascrier), « Cérémonies religieuses du monde » ne pouvait pas ne pas répondre à des attentes d’un lectorat éclairé. Et ce, jusque dans la première moitié du XIXe siècle.

D’après les trois auteurs du « Livre qui a changé l’Europe », ces attentes étaient variées, depuis le simple collectionneur désireux d’enrichir sa bibliothèque jusqu’à l’amateur de récits de voyages, en passant par « l’honnête homme » « …désireux de tout savoir sur la religion » mais aussi pour le message de tolérance transmis tant par le texte que par les illustrations.

On retiendra en premier lieu que « Le Livre qui a changé l’Europe » apporte une richesse d’informations relativement peu connues en France. Mais là n’est pas le principal. Bernard et Picart auraient surtout œuvré en commun à une sorte de « Tolérantisme » rejeté non seulement par l’Église catholique mais encore par bien des variantes du protestantisme.

Ce faisant, ils mettaient sur le même pied des croyances, des religions, des « cérémonies », des peuples, alors que des visions fort péjoratives étaient véhiculées en Europe à propos du judaïsme et des mahométans, plus récemment avec les grandes découvertes sur les amérindiens ou les lointains orientaux et, prochainement, dès la première moitié du XIXe siècle, le retour de l’anthropologie, science naissante, à la hiérarchisation raciale, rejetant en bas de l’échelle les « superstitions » et autres fétichismes.

Le « Livre qui a changé l’Europe » décrit un retour à une religion déiste et universelle, dont toutes les religions du monde, voire certaines philosophies, seraient issues et ne se distingueraient plus qu’à travers leurs « cérémonies » et les hiérarchies religieuses, voire temporelles, qui les organisent. À travers leur ouvrage, Bernard et Picart se seraient exprimé bien plus clairement. « Avec clarté et rigueur, Bernard et Picart ont offert une synthèse novatrice sans précédent. Ils ont voulu, en mots comme en image, échapper aux préjugés qui caractérisaient la plupart des ouvrages sur la religion et chercher ce que les religions d’Europe, d’Asie, des Amériques et d’Afrique avaient d’universel… ».

« Le Livre qui a changé l’Europe » porte encore une appréciation à retenir. « Ces artisans des Lumières nous en disent plus sur les fondements de ce mouvement que les simples explications fournies par les textes classiques…Ils nous font approcher de plus près la véritable expérience de la première modernité ». Plus savants et érudits, plus explicites que les autorités philosophiques et littéraires reconnues, ces « artisans » auraient donc été les plus modernes de leur temps. Mais négligés, voire oubliés, en tout cas dans notre Hexagone, justement parce qu’artisans et non docteurs reconnus par leurs pairs.

La thèse porte à discussion et « Le Livre qui a changé l’Europe » en fournit les données. On peut ne pas y souscrire, au moins en partie, les éléments de discussion figurent dans l’ouvrage, il ne s’agit donc pas d’une louange gratuite et mal fondée mais bien d’une analyse solidement informée, notamment quant au caractère novateur et certainement très moderne des « Cérémonies religieuses du monde ».