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La Grande Guerre vue par les Américains : carnets du capitaine Alban B. Butler Jr. de la First Division, 1917-1919

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Recension rédigée par Jean-Pierre Faure


            Cet ouvrage est la réédition des carnets de campagne, initialement parus en 1928, d’Alban Bernard Butler qui fut officier d’artillerie puis aide de camp du général Summerall commandant en 1918 de la 1re division d’infanterie américaine, la première à débarquer le 27 juin 1917 à Saint Nazaire.

            L’auteur d’abord. Né à San Francisco (1891-1949), diplômé de Yale et de Harvard en droit, il s’initie d’abord aux affaires avec son père exploitant de champs pétrolifères. Dès l’entrée en guerre des Etats-Unis il s’engage à 26 ans dans l’Armée américaine qui le forme comme officier d’artillerie. Promu lieutenant, il rejoint en septembre 1917 la 1re division qui s’entraîne et s’équipe alors en France. Il participera au printemps 1918 à ses premiers engagements et sera décoré de la croix de guerre française. Devenu l’aide de camp du général Summerall, commandant la division et futur chef d’état-major de l’Armée américaine en 1928, il œuvrera par ses dessins à la « communication » de son chef.

            Les talents de dessinateur et de caricaturiste de Butler étaient déjà affirmés dès ses années d’étudiant où il officiait dans le journal universitaire. Observateur attentif de la vie militaire traitant selon ses dires « des choses graves avec des petits dessins amusants »  comme les « cartoons » à la mode alors, il nous livre des planches qui sont autant de tranches de vie du « doughboy » américain, le « sammy » pour les Français, depuis son embarquement à New York jusqu’à son retour deux ans plus tard.

            Le dessin est souvent ironique quand il représente les « Frawgs », comprendre les Français, dont l’exubérance gestuelle nous parait quelque peu forcée. Il moque aussi l’esprit de caserne qui, sur le front, organise le concours hilarant de la plus belle batterie ou la revue des chevaux de la colonne de ravitaillement mais il note avec justesse des scènes vécues comme l’exode des pauvres gens alors que les « sammies » montent vers les lignes, le repos à l’arrière du front ou le « speech » du général à la troupe avec déjà les caméras immortalisant la scène, l’angoisse du fantassin dominé dans son trou par l’observatoire du Montsec ou par les obus de l’artillerie lourde passant au dessus de sa tête. L’assaut de la tranchée ennemie, le bombardement nocturne, l’attaque des gaz, le déchaînement des tirs de barrage de l’artillerie, tout ce qui est indicible dans son horreur, est traité comme autant de scènes où l’humour du détail cocasse est d’abord souligné.

            Ce petit album à l’italienne, hélas au format de carte postale car les 90 planches de Butler fourmillant de détails justes mériteraient mieux, est le complément original de l’ouvrage illustré par 140 photographies de Bruno Cabanes sur les Américains dans la Grande Guerre qui vient de faire l’objet d’une recension.

Pour conclure, un croquis valant un long discours, celui-ci suffira.

 

 

« Faut y aller        ! »                    dessin de A. Butler

                                                                                         

 

 



 
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