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La France d'outre-mer et sa représentation parlementaire de 1789 à nos jours

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Recension rédigée par Jean Nemo


Comme il le dit dans son introduction, Jacques Binoche a été incité par un professeur d’université de Toulouse, précédemment d’Alger, il y a près de cinquante ans, à traiter de ce sujet en général et de celui des parlementaires des colonies plus particulièrement. Ce sujet ne lui appartient donc pas, selon lui. À en juger cependant à travers une abondante bibliographie, il en a traité tout au long de sa carrière universitaire d’historien, entre autres questions d’histoire plus récente et moins ciblée.

Il fut l’auteur d’une thèse sur ce même thème, « Le rôle des élus de l’Algérie et des colonies au Parlement sous la Troisième République, 1871-1940 ». Il s’était donc effectivement emparé du thème et du rôle des parlementaires coloniaux…   

Il ne précise cependant pas s’il considère le présent ouvrage comme une synthèse de ses recherches. Il conclut son introduction par une phrase plus originale : « Je dirai qu’ils [les représentants parlementaires des outre-mer] contribuent à mieux représenter la nation française dans sa réalité actuelle, qu’ils viennent toujours de loin et qu’ils donnent à la France devenue très européenne des nouvelles du monde ». Il signe « Jacques Binoche dit Schnuki 1967-2018 ». Donc, sinon synthèse, au moins rassemblement de divers travaux et ouverture sur le grand large d’aujourd’hui et demain.

C’est d’ailleurs ce qu’il dit également dans ses dernières pages, baptisées « Documentation » : il a exploité tous les J.O. depuis 1871, donc les comptes rendus de débats, beaucoup d’archives privées, des entretiens avec un certain nombre d’élus d’outre-mer. Surtout il renvoie pour le détail de cette documentation à sa thèse et à un précédent ouvrage de 1992, « La France d’outre-mer 1815-1962 ».

On peut donc conclure que l’ouvrage sous revue est destiné à vulgariser un thème qui a fait l’objet de recherches sur plusieurs décennies.

En sept chapitres largement illustrés de portraits, il traite de différents thèmes, depuis les caractéristiques de « la représentation venue de loin », de la pratique d’élections « singulière », des similarités avec les parlementaires hexagonaux mais aussi de leur « exotisme », de l’anticolonialisme de beaucoup de ces élus, y compris européens, de leur rôle dans la « mise en valeur » et vis-à-vis de l’administration coloniale, de leurs divergences après 1945 (autonomistes, intégrationnistes, indépendantistes), de leur rôle d’élites successives depuis 1789. Pour l’essentiel, il y est traité de portraits de très nombreux élus ultramarins.

Ouvrage de vulgarisation ne signifie pas pour autant qu’il soit inintéressant ou destiné à un lectorat peu informé de ce que furent les représentants élus de lointains outre-mer coloniaux et actuels. Un lectorat plus informé de ces anciens et actuels lointains y trouvera aussi son compte. Et matière à discussions. Un regret cependant pour ces derniers : aucun appareil critique, notamment bibliographique.