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Les troupes indigènes : ils sont morts pour la France

Auteur Jean Balazuc
Editeur L'Harmattan
Date 2021
Pages 512
Sujets France . Armée
Troupes sahariennes
Cote 63.616
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Recension rédigée par Julie d'Andurain


Les Troupes indigènes. Ils sont morts pour la Franceconstituent le dernier opus de Jean Balazuc qui, depuis 2015, a publié aux éditions l’Harmattan, avec une régularité étonnante, plus d’une dizaine d’ouvrages sur la guerre d’Algérie, sur Kolwesi (1978), mais aussi sur Camerone (1863). L’auteur n’est pas un historien stricto sensu. Polytechnicien (X 1956), ingénieur de formation, il a terminé sa carrière comme directeur général adjoint de « Gaz de France », après être entré au début des années 1960 à « Électricité & Gaz d'Algérie ».  Depuis son premier livre, son objectif consiste à rendre hommage aux troupes qui ont constitué l’armée française, en prenant un axe qui n’a guère évolué depuis 2015, celui du recueil de faits portant soit sur la chronologie des évènements (cf. les ouvrages sur la guerre d’Algérie), soit sur les hommes. Les Troupes indigènes. Ils sont morts pour la France constitue par conséquent un hommage supplémentaire aux soldats, particulièrement aux « indigènes ».

Le volume se subdivise en 10 chapitres. Après un rappel des différentes formations de l’armée d’Afrique, l’auteur propose une chronologie des engagements des troupes indigènes par grandes périodes : Second Empire ; guerre de 1870 ; expéditions coloniales de la Troisième république ; Première Guerre mondiale ; Deuxième Guerre mondiale ; Guerre d’Indochine et Guerre d’Algérie. L’ensemble prend la forme d’une compilation de dates, plus ou moins précises selon les sujets traités, assorties d’illustrations nombreuses des insignes des formations.

Si la chronologie est bien connue des historiens, en revanche la partie consacrée au repérage des « morts pour la France » est plus neuve. De la page 140 à la page 500, l’ouvrage se transforme en un recueil prosopographique, sous forme d’encadrés, qui peut s’avérer utile aux chercheurs spécialistes des combats d’Afrique du Nord et de l’Algérie. On trouve des indications précises sur les noms et les dates des morts pour la France, et des détails sur la manière dont les individus (soldats comme civils) ont été tués, sans distinctions d’armes ou de grades. L’ouvrage montre donc surtout l’extrême diversité des formations tout en insistant sur l’engagement des troupes musulmanes auprès des forces françaises en Algérie, les harkis en particulier. A bien des égards, il est aussi militant et culpabilisateur à l’égard des différents gouvernements critiqués pour avoir refusé de réclamer les corps de soldats faits prisonniers puis fusillés par le FLN (p. 161), ou mal accueilli les anciens prisonniers.

Il l’est aussi à l’encontre de certains officiers qui ont refusé d’embarquer des harkis en 1962 (p. 350), et accusatoire à l’encontre du FLN « dont l’histoire officielle se fonde sur le mythe du soulèvement unanime » (p. 352). L’ensemble vise à montrer que les horreurs de la guerre ne sont pas seulement imputables aux formations françaises, car celles-ci ont, elles aussi, très largement payé le prix de la guerre. La dernière partie enfin souligne combien la bataille des chiffres – sur les supplétifs laissés par l’armée françaises, sur les disparus de la guerre d’Algérie, etc. – n’est pas encore réglée. Enfin si quelques annexes – comme celles qui comparent les tués par campagne en distinguant Européens et Maghrébins – sont très intéressantes, la bibliographie surprendra les chercheurs universitaires. Elle est clairement orientée par les centres d’intérêt de l’auteur et s’appuie pratiquement exclusivement sur des témoignages combattants, particulièrement sur des revues d’anciens combattants (La Voix du combattant ; la Cohorte ; Képi Blanc ; etc.) qui ont servi de support au recueil d’information.

L’impression d’ensemble de l’ouvrage est donc celui d’un ouvrage mémoriel qui se double d’un recueil de traditions lesquelles auraient méritées d’être davantage identifiées ou précisées. Les insignes, par exemple ne sont ni commentés, ni datés ; une partie des photographies n’ont pas de légendes.

On aurait apprécié un commentaire sur les sources, ne serait-ce que pour comprendre l’architecture globale de la bibliographie.

 


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Cette recension est basée sur un ouvrage disponible à la bibliothèque de l’académie des science d’outre-mer